vendredi, 26 mai 2023
LE JARDIN CHEZ MA GRAND MERE
Jusque dans les années 60, mes grands parents paternels étaient gardiens d'une bonneterie. Ils logeaient dans une maison de 2 étages, avec un grand jardin derrière. Mon père travaillait dans cette usine comme contremaître et mon grand père y était comptable.
En photo, l'intérieur de l'usine le 26 avril 1953.
Au bout du jardin, derrière l'usine, coulait une rivière où mon grand père aimait pêcher.
En photo, mon grand père avec Jean, le fils de son plus jeune frère, et Tom, le chien de mon grand père, en 1950, au bord de la rivière. On distingue les bâtiments de l'usine derrière eux.
Les dimanches, quand il faisait beau, ma grand mère sortait ses chaises et une table, à l'ombre des pruniers. Les adultes y lisaient le journal et buvaient le café. Mon grand père fumait la pipe et mon père le cigare ou la cigarette. Avec mon frère et mes 3 soeurs on jouait à cache-cache, aux quilles, aux cartes ou avec nos poupées.
Un jour, nous nous sommes aperçu que mon frère avait soudain disparu. Absorbés par nos jeux et nos livres, les parents et grands parents par leurs bavardages, nous n'avions pas fait attention qu'il n'était plus avec nous.
Nous nous sommes tous mis à crier après lui, aussi bien dans la maison que dans la cour. Mais pas de réponse à nos appels.
Nous avions très peur à cause de la rivière. Les uns cherchaient dans le grand hangar au bout du jardin, les autres dans la cour de l'usine. J'allais et venais avec ma grande soeur et ma mère dans tous les coins du verger. J'étais de plus en plus anxieuse et en colère contre mon frère qui ne répondait pas à nos appels.
Au bout d'un quart d'heure qui nous a semblé très long, en nous approchant du grand hangar, nous avons entendu un bruit. Mon frère est apparu, près de la rivière, l'air triomphant, un grand sourire sur son visage et les bras en croix. Il nous a avoué s'être caché derrière les cartons dans le hangar et avoir profité qu'on lui tournait le dos pour descendre le petit escalier et partir en courant vers la rivière.
Ma mère lui a demandé de ne surtout plus recommencer ce jeu là, en lui faisant comprendre que tout le monde avait imaginé le pire. En voyant la colère dans les yeux de ma grand mère, et son bras qui battait l'air comme pour lui donner une fessée, il est parti en courant s'asseoir sur une des chaises à l'ombre du prunier. Il avait compris. Il n'a plus jamais recommencé.
19:45 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : enfance, jeux, souvenirs, anecdotes, grand mère, grand père, jardin, pruniers
Commentaires
Une tranche de vie comme on les aime, racontée avec sobriété et talent, ça ne m’tonne pas que vous écriviez des livres, vous êtes doué pour l’écriture !
Écrit par : DAN | vendredi, 26 mai 2023
Dan : merci beaucoup. Quand j'ai commencé à écrire sur mon blog, des commentateurs (malheureusement décédés il y a quelques années) m'ont demandé plusieurs fois quand je publierais mes histoires. Au bout de 2 ans j'ai cédé et je me suis lancée en demandant des conseils à droite et à gauche et sur internet. J'ai publié d'abord pour ma famille et pour mes amis de blogs. L'histoire de la disparition momentanée de mon frère, je l'ai déjà publiée en décembre 2010. Je l'ai retravaillée tout à l'heure pour rédiger cette note. Bon week end.
Écrit par : ELISABETH | vendredi, 26 mai 2023
Sacré souvenir !!
Ouf pour ton frère
Episode de ta vie fort bien raconté
Bises Elisabeth et merci pour tous tes commentaires qui me font plaisir. Passe un bon WE
Écrit par : Béa Kimcat | samedi, 27 mai 2023
Béa : merci beaucoup pour ton commentaire. Passe un très bon week end également. Bises.
Écrit par : ELISABETH | samedi, 27 mai 2023
Vous avez effectivement dû avoir très peur ! Bon dimanche
Écrit par : Ulysse | dimanche, 28 mai 2023
Joli récit de cette peur tardive puisque vous ne vous étiez pas aperçu de sa disparition. Comme il est facile aujourd'hui de publier, tu devrais écrire tout ce qui vous est arrivé dans ta famille, si joliment raconté. Sur OB, les lecteurs sont attentifs et nous garantissent que nos histoires seront lues et appréciées. Bravo Elisabeth pour les deux photos qui illustrent ton histoire. Bonne journée ensoleillée, Gisèle
Écrit par : autobiographie | dimanche, 28 mai 2023
Mon mari avec ses parents
puis lui et moi
avons vécu dans l'enceinte du parc d'une usine de textile
Écrit par : laura | lundi, 29 mai 2023
Gisèle : c'est déjà fait, j'ai publié tout ce dont je me rappelais. Regarde dans la colonne de gauche de mon blog tous mes livres parus. Merci et bonne semaine. Bises.
Laura : oui, je me rappelle que tu l'avais dit.
Écrit par : ELISABETH | lundi, 29 mai 2023
Eh oui, j'ai sur la colonne de gauche, j'ai vu mais trop tard! Tu as bien fait et bravo! Bonne soirée, Gisèle
Écrit par : autobiographie | lundi, 29 mai 2023
ça s'est terminé par la prise d'otage de mon mari
et l'incendie de la maison
Écrit par : laura | mardi, 30 mai 2023
Comme tu écris bien ! J'adore lire tes souvenirs d'enfance. Une époque où dans un sens tout semblait meilleur et surtout les gens plus heureux. merci pour ce partage. Bises
Écrit par : Petits Bonheurs | mardi, 30 mai 2023
Réflexion faite: publier à compte d'auteur, c'est la garantie que quelques copains apprécieront mais un éditeur de renom a un service de presse qui envoie le livre aux journaux. Ce qui permet d'avoir une deuxième publication,(en poche par exemple), voire même une étude sérieuse auprès d'universitaires, étude qui paraît carrément au Seuil "Autogenèse", Philippe Lejeune.Bonne journée, Gisèle
Écrit par : autobiographie | mardi, 30 mai 2023
Laura : pour la prise d'otage, je ne savais pas, ainsi que l'incendie. Bouhhh c'est dur.
Gisèle : merci d'avoir regardé la colonne de gauche. Bonne soirée et bises.
Petits bonheurs : merci beaucoup, j'ai publié ce souvenir avec d'autres, au début de mon blog. Bonne soirée.
Gisèle : c'est perdu d'avance pour moi de publier chez un éditeur. Je n'essaierai jamais, à quoi bon ? Je ne cherche pas la gloire.
Écrit par : ELISABETH | mardi, 30 mai 2023
Tout s'est bien terminé, heureusement !
Écrit par : écureuil bleu | vendredi, 02 juin 2023
gaz coupé aussi donc pas d'eau chaude, ni de chauffage pendant des mois pendant un hiver du nord très humide
SPORT DU 26 au 29 MAI 23 : tu essaies de répondre à tout le monde, mais je comprends que cela soit difficile (J'ai moi-même 55 blogs à visiter, à commenter et ensuite aller voir les réponses à mes commentaires, 236 amis facebook (pour mon 1er fb), et 54 amis sur mon 2ème facebook. Même en y passant la nuit je ne peux pas passer chez tout le monde...... )
il n'y a que toi puisque j'ai coupé les coms
et je ne vais sur FB que pour toi
et quelques autres autres comptes, comme ma soeur qui va accoucher ou DAHO
mais incognito, sans coms
plus de coms d'ateliers puisque je ne les fais pas non plus
je suis bien assez occupée avec mes 4 jours de travail
+ penser à la rentré prochaine
penser à une formation
mon entreprise
le sport
les courses de frais etc.
je file sur le marché
Écrit par : laura | dimanche, 04 juin 2023
Ma grand mère Marguerite habitait La Violette a 14ans elle entra pour faire de la couture à l'usine du village , de parents ariégeois issu de famille ibérique aux siècles passés, voyait passer sur son cheval ce beau soldat vêtu d'un pantalon rouge garance et une veste foncée , sabre au côté les yeux lui ont sorti de la tête. Oui c'était lui à 16 ans avec dérogations civile et religieuse et accord des parents pu se marier avant 1914 avec son beau soldat. Grand - père habitait Saint Ferme en entre deux mers Jean vivait de diverses occupations entre vignes , saboterie et garde chasse au château du parc logeaient dans la maison familiale depuis 4 générations 14-18 incorporé au Maroc , l'ennemi étant partout en quatre ans il devint lieutenant de cavalerie .revenu au pays sa femme élevait ses trois enfants et s'occupait de son travail de couturière tenant boutique épicerie -journaux et autres Ma mère née en 19 est toujours en vie et attend les 104 ans majeure à 21 ans fut reçue au concours de l'éducation nationale pour enseigner dans les villages de Gironde. A bicyclette comme Paulette fut intercepté par l'ennemi avec sa soeur en passant la ligne de démarcation , les valises faîtes ne servirait pas pour cette semaine de vacances .Entassés à plusieurs dans une maison réquisitionnée par les occupants Nach Berlin leur disaient -ils sauvées in extremis par un cousin retrouvèrent leur maison paternelle Correspondante de guerre trouva son bonheur avec un prisonnier :mon père curieusement pas de photo de mariage en cette période noire surtout pas de matériel et papier photo .Sergent chef père n'a jamais dit quoi que ce soit sur cette guerre , sauf en fin de vie ,transformant l'appartement en champs de bataille avec des cris d'agonie et de fusils Cela m'a marqué .
Écrit par : celadon7 | mercredi, 07 juin 2023
Céladon : la cousine de mon père que j'ai bien connue et beaucoup aimée était née en 1919. Mais décédée en 1989. Tu as donc encore ta mère ! Rares sont ceux encore en vie de cette génération qui ont connu la seconde guerre. La soeur de ma mère, née en 1930, peut encore en parler car toujours en vie. Merci pour ton long récit qui, je pense, devait figurer sous ma note Il s'appelait André.
Écrit par : elisabeth | jeudi, 08 juin 2023
Souvenir ancien qui t'a bien marqué. Bises
Écrit par : Andrée | dimanche, 11 juin 2023
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