mercredi, 26 juin 2019
LA SALLE A MANGER (Francis JAMMES 1868-1938)
Il y a une armoire à peine luisante
qui a entendu les voix de mes grand-tantes
qui a entendu la voix de mon grand-père,
qui a entendu la voix de mon père.
À ces souvenirs l’armoire est fidèle.
On a tort de croire qu’elle ne sait que se taire,
car je cause avec elle.
Il y a aussi un coucou en bois.
Je ne sais pourquoi il n’a plus de voix.
Je ne peux pas le lui demander.
Peut-être bien qu’elle est cassée,
la voix qui était dans son ressort,
tout bonnement comme celle des morts.
Il y a aussi un vieux buffet
qui sent la cire, la confiture,
la viande, le pain et les poires mûres.
C’est un serviteur fidèle qui sait
qu’il ne doit rien nous voler.
Il est venu chez moi bien des hommes et des femmes
qui n’ont pas cru à ces petites âmes.
Et je souris que l’on me pense seul vivant
quand un visiteur me dit en entrant :
- comment allez-vous, monsieur Jammes ?
07:09 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : poésie, poème, poète, francis jammes, auteur, culture, littérature, livre, recueil
Commentaires
Comme j'adore ce texte, Elisabeth. Ce sont des murmures, des odeurs... Ils nous ont accompagnés chaque jour de notre vie et que l'on a oubliés...un jour. Gros bisous et belle fin de journée
Écrit par : Nell | mercredi, 26 juin 2019
Nell : j'ai dans une chambre l'armoire de mes grands parents paternels. Quand je la regarde ou que je l'ouvre je pense à eux. J'ai aussi leur carillon-pendule qui sonnait les heures des jeudis après midi que je passais chez eux. Ma grand mère me disait que la pendule retardait. Mais ça ne faisait rien, elle donnait à peu près l'heure. Gros bisous et bonne nuit.
Écrit par : ELISABETH | mercredi, 26 juin 2019
merci pour ce poème
je pars jusqu'a dimanche soir
puis dernier jour de mon 1 er lycée, j'y retourne à la rentrée, bof
le 2 e change
de mardi à vendredi, correction brevet
Écrit par : laura | vendredi, 28 juin 2019
Tes lignes me jettent ma jeunesse à la face de façon nostalgique , douce et agréable car maintenant, les meubles Ikea ne sentent plus bon la cire, les parquets ou plutôt les carrelages ne grincent plus sous nos pas et l'heure électronique s'affiche au plafond ou sur le micro ondes.
Écrit par : Chinou | vendredi, 28 juin 2019
relire cet auteur
Écrit par : laura | dimanche, 07 juillet 2019
Ce poème me touche. Les meubles anciens gardent des traces du passé. Les tiroirs ont parfois abrité des secrets... Bisous
Écrit par : écureuil bleu | vendredi, 12 juillet 2019
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