vendredi, 21 avril 2006
LA POESIE ET L'HISTOIRE
ARISTOTE oppose la poésie et l'histoire : "la différence entre le chroniqueur et le poète ne vient pas de ce que l'un s'exprime en vers et l'autre en prose ... mais l'un dit ce qui a eu lieu, l'autre ce qui pourrait avoir lieu, pour cette raison, la poésie est plus philosophique que la chronique : la poésie traite du général, la chronique du particulier".
10:37 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (13)
Commentaires
Bonjour
je ne connaissais pas ces dires, d'où les avez-vous extraits ? Ils sont très beaux.
à vous lire
Pierre
Écrit par : Pierre Clavilier | vendredi, 21 avril 2006
Ces vers sont extraits de "La Poétique" de ARISTOTE (vers 330 av. J.C.).traduction R. Dupont-Roc et J. Lallot, Seuil 1980.
Écrit par : elisabeth | vendredi, 21 avril 2006
Et qu'en est-il d'une chronique poétique? Je ne pense pas qu'il y ait, de nos jours, incompatibilité. Il est peut-être difficile de solliciter l'avis d'Aristote à ce sujet, mais le débat est ouvert...
Écrit par : Quiet Man - | vendredi, 21 avril 2006
Le débat est ouvert, en effet. Mais qu'est-ce qu'une chronique poétique ? Je ne vois pas trop. Je pense que c'est avant tout une chronique. Donc ce n'est pas une poésie...
Écrit par : elisabeth | vendredi, 21 avril 2006
Tout est dans le style... Et Aristote était un philosophe qui, comme tel, voulait tout rationnaliser, tout mettre dans des cases, les "littles boxes" chères à Pete Segger. Le poète lui magnifie la réalité mais cela ne l'empêche pas de la raconter. D'un côté la raison, de l'autre l'émotion...
Écrit par : Quiet Man / | vendredi, 21 avril 2006
Les chansons poétiques de nos jours racontent un petit bout d'une vie. C'est ce que disait Véronique SANSON un jour.
Écrit par : elisabeth | samedi, 22 avril 2006
Je viens mettre mon petit grain de sel.... En Allemagne, il y a des chansons qui sont des chroniques, par exemple les Moritaten : il s'agit de pièces chantées qui racontent une histoire vraie en la rimant. C'était une sorte de colporteurs chanteurs qui allaient de ville en ville en chantant les chansons qui racontaient ce qu'ils avaient appris à tel ou tel endroit (un peu aussi comme les folksinger américains); C'étaient aussi des sortes de chansons politiques dans lesquelles les personnes se plaignaient de leurs opresseurs tout en racontant leur vie. Aux environs de la révolution de 1848 (programme de l'option civili de l'agrèg externe), les auteurs allemands écrivaient des poèmes ou des chansons basées sur des faits historiques. Parfois les symboles politiques étaient cachés dans des sortes de mot de passe convenus comme dans "Le temps des cerises" où le temps des cerises représente les temps meilleurs après la révolution espérée. Donc la chronique peut-être poétique et la poésie peut chroniquer.
domino
Écrit par : domino | samedi, 22 avril 2006
C'est juste pour réctifier mon lien sous mon nom. J'espère que c'est le bon.
domino
Écrit par : domino | samedi, 22 avril 2006
Je ne peux qu'abonder dans ton sens, Domino, en ce qui concerne la chanson. Mon domaine c'est plutôt le folk-song (au sens large) américain. De Woody Guthrie à John Prine, de Phil Ochs à Sammy Walker, de Bob Dylan à Loudon Wainwright III, les exemples ne manquent pas. Aristote philosophait dans la rue, avec les péripatéticiens mais depuis, la poésie (autrefois confinée dans les cours, les monarques rétribuant les poètes) l'y a rejoint. Tu parles de Moritaten, mais chez nous il y avait les trouvères qui jouaient le même rôle. Et il y avait une variété de chansons qui s'appelait la complainte et qui était en quelque sorte du journalisme chanté, en vers...
Écrit par : Quiet Man / | dimanche, 23 avril 2006
Merci, Quiet Man, d'être de mon avis. Le Moritaten les ballades, les chansons des Liedermacher actuels (Degenhardt, Mey, Grönemeyer), tout cela est de la chanson qui fait de l'histoire et des chroniques. Pour les troubadours, c'était plutôt l'amour courtois comme les Minnesänger (mais, je suis française et simplement germaniste ! ), ce que tu décris des trouvères me fait penser plutôt aux Meistersänger, qui eux parlaient aussi de politique, par exemple de la félonie d'un châtelain du voisinage. Au XVè siècle, Oswald von Wolkenstein, Meistersänger noble, qui avait guerroyé contre un voisin avait même écrit des chansons sur ses geôles qu'il avait connu, c'était alors des Klagelieder ou des chansons de lamentation.
Écrit par : domino | dimanche, 23 avril 2006
Merci pour ces commentaires très instructifs. On était partis de la poésie et des chroniques pour en arriver aux chansons qui servent à raconter, à déclarer sa flamme, à faire de la politique etc... comme quoi une chanson cela sert à beaucoup de choses.
Bonne soirée à tous.
Écrit par : elisabeth | dimanche, 23 avril 2006
Il est probable que le cher homme ne donnait pas au mot poésie le même sens que nous aujourd'hui et qu'il voyait dans le poète, un peu comme Hugo, une manière de mage inspiré par les dieux plus qu'un comptable des événements. C'est pour moi ce qui explique cette phrase qui autrement serait fortement contestable. Le célèbre "sens aristotélicien du terme" trouve ici à s'appliquer. La chronique peut parfaitement être philosophique. Nihil novi sub sole et en racontant ce qui se passe dans mon temps j'en puis tirer des apologues plus généraux et être tout à fait philosophique (au sens aristotélicien).
Écrit par : desab' | lundi, 24 avril 2006
Merci desab'. Oui je pense qu'Aristote voyait la poésie pure en parlant ainsi.
Écrit par : elisabeth | mardi, 25 avril 2006
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