jeudi, 05 juillet 2018
LES RACINES DU CIEL (Romain Gary - extrait)
Ce fut donc la voix d'Orsini qui s'éleva dans la pénombre - on retardait toujours le plus possible le moment d'allumer les lampes, avec leurs tourmentes d'insectes - pour faire entendre un cri presque lyrique à force d'ironie cinglante et de railleuse indignation - un cri qui paraissait doter les ténèbres africaines d'un nouveau genre d'oiseau nocturne - lorsque le commissaire eut qualifié d'"inoffensif" ce Morel qui était venu les voir tour à tour avec un regard sévère pour leur demander de signer sa pétition. Instinctivement, tout le monde se tourna vers ce coin de la nuit d'où s'était élevée sa voix : il avait vraiment le don de ces exclamations fulgurantes, de ces interpellations éraillées qui étaient comme des plaies soudain ouvertes dans les flancs du silence. On attendit. Du fond de l'obscurité monta alors une voix frémissante, un chant, presque, dont l'indignation était l'accent naturel, une indignation sans limite, qui allait toujours bien au-delà de son objet immédiat et où il y avait toujours de la place, où les hommes, les planètes et chaque grain de poussière, chaque atome de vie pris séparément pouvaient toujours être reçus avec tous les égards qui leur étaient dus.
RESUME :
Un Français, Morel, entreprend en Afrique une campagne pour la défense des éléphants menacés de tous les côtés tant par les chasseurs que par les lois dites "inexorables" du progrès. Lorsque la Conférence pour la Protection de la Faune (Congo, Bukavu, 1953) constate elle-même qu'"il serait vain de vouloir imposer au public le respect de la nature uniquement par les méthodes légales", Morel ne craint pas de recourir aux armes. Aidé par quelques compagnons convaincus comme lui que le respect de la nature n'est pas incompatible avec les exigences du progrès, il prend le maquis contre la barbarie et la cruauté sous toutes ses formes, cependant que de tous les côtés des conspirateurs habiles essayent d'utiliser sa magnifique obsession et son apparente naïveté à leurs propres fins.
10:59 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : livre, auteur, écriture, afrique, culture, littérature, gallimard
Commentaires
Un roman passionnant que j'ai découvert à 18 ans et que j'ai relu deux fois
Écrit par : ulysse | jeudi, 05 juillet 2018
Un roman intemporel, si humain (et inhumain à la fois). Il y a peu j'en ai recommandé la lecture à ma fille qui a été emportée.
Écrit par : colo | jeudi, 05 juillet 2018
Ulysse : j'ai commencé ce week end, jamais lu. Le livre que j'ai entre les mains est une édition de 1956 et quelques pages ne sont pas découpées, ce qui veut dire que l'ancien propriétaire du livre ne l'a jamais lu depuis 1956.... BON APRES MIDI.
Colo : c'est un livre de 443 pages en écriture serrée, il va être long à lire mais passionnant. Bon après midi.
Écrit par : elisabeth | jeudi, 05 juillet 2018
Superbe extrait, merci Elizabeth et pour le résumé. Bises.
Écrit par : Lenaïg | vendredi, 06 juillet 2018
Lenaig : à lire cet été par exemple. Bises et bonne journée.
Écrit par : elisabeth | vendredi, 06 juillet 2018
J'ai du lire ça pendant mon année de prépa hec à Paris
pour supporter les maths
Écrit par : laura | dimanche, 08 juillet 2018
Je n'ai pas lu ce roman de Romain Gary. Je note le titre...
Écrit par : écureuil bleu | samedi, 14 juillet 2018
Laura : j'en suis à la moitié, c'est un très beau livre.
Ecureuil : le livre que j'ai entre les mains n'a jamais été lu, édition de 1955, j'ai dû couper les pages qui étaient encore liées, pas découpées par l'éditeur.
Écrit par : elisabeth | dimanche, 15 juillet 2018
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