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vendredi, 03 novembre 2006

HISTOIRE DU BANJO

 Le banjo donne de lui une image gaie et populaire mais il reste néanmoins l'un des parents pauvres de la musique. Il trouve rarement sa place dans les formations musicales et n'est pas toujours reconnu comme ayant acquis ses lettres de noblesse. Pourtant, dans d'autres parties du monde, des instruments, très proches du banjo ont une situation privilégiée au sein de l'orchestre. Au Japon, le SAMISEN, ce qui signifie "trois cordes", est souvent mis en valeur et respecté ; ces instruments aux cordes de soie tressées sont joués à l'aide d'un grand plectre en bois ou en ivoire, tout comme le SAN TYEN, le trois-cordes chinois. Il est construit avec un raffinement extrême même si le principe acoustique en est simple. Les luthiers asiatiques sont si habiles que le manche est démontable en plusieurs parties sans qu'il soit possible de sentir sous les doigts les jointures de chaque pièce.

 

Le principe acoustique du banjo est simple : la table d'harmonie n'est pas une planche de bois comme pour la guitare mais une membrane souple, tendue. Traditionnellement, la membrane en question est une peau animale, le plus souvent des peaux de chèvre ou d'âne réputées pour leur résistance sur les tambours. Aujourd'hui, les peaux animales sont avantageusement remplacées par les "peaux" synthétiques. Le plastique est insensible à l'humidité qui détend immanquablement les peaux véritables et il est moins contraint par les variations de température. La matière utilisée est extrêmement résistante et la mise ne forme lors de la fabrication facilite le montage de peaux synthétiques sur l'instrument.

Les cordes s'appuient sur un petit chevalet tripode en bois, très léger. C'est par lui qu'elles communiquent leur énergie vibratoire à la membrane. Celle-ci, également très légère, absorbe immédiatement toute cette énergie pour la transformer en ondes sonores. Cela explique pourquoi le son du banjo est puissant mais avec une durée de chaque note relativement courte ; il n'y a pas de son soutenu ni de résonnance profonde.

Les banjos modernes sont munis d'un résonateur, sorte de disque de bois plus large que la peau, fixé au dos de l'instrument et qui réfléchit vers l'avant le son émis par le dessous de la peau.

Origines du banjo

 

medium_Banjo_dans_les_plantations.2.jpgC'est de l'Afrique que nous viennent les banjos occidentaux, mais c'est une histoire tout à fait récente ; sur le continent africain on rencontre une quantité d'instruments à cordes à membrane, les véritables ancêtres du banjo ; en Afrique occidentale ils s'appellent des Banjar.

Ce sont des instruments de ce type que les esclaves noirs d'Amérique ont tenté de reproduire.

Le désir d'implanter les traditions et les religions semblent cependant avoir été quelque peu contrarié par le danger que représentait, dès le début, une trop grande individualité de la culture noire soumise alors à une règle terrible : celle de maître à esclave... Malgré cela, les banjos artisanaux faits de bois et munis de cordes en boyaux de chat ont séduit les musiciens blancs et le mélange des cultures et des traditions s'est rapidement opéré.

medium_banjo_lecon.jpg                                                                                      Vers la fin du XVIII e siècle, le banjar est signalé partout dans les Etats du Sud. Au XIX e siècle, l'évolution des techniques de fabrications industrielles lui profitent immédiatement, le métal entre dans sa fabrication.

Les premiers banjos avaient trois ou quatre cordes puis, en 1831, Joel Sweeney prend en compte l'invention de la cinquième corde, plus courte et plus aiguë que les autres, située devant la corde la plus grave. Le fameux "five strings banjo" est né avec son "bourdon" aigu de pouce.

 

La musique

 

Le répertoire est celui de la musique rurale connue sous le nom de Old Time mais l'instrument reste toujours solitaire, sauf quelques exceptions. Il accompagne le chant et c'est typiquement le support de la tradition orale, rien n'est écrit, ni sur ni pour le banjo. Les techniques consistent à brosser ou frapper les cordes, du dos des ongles, et portent les noms de knocking, raping, frailing. Le banjo remonte alors vers le nord, il voit son manche s'équiper de barrettes tandis que les doigts du musicien recherchent de nouvelles façons de procéder pour finalement adopter un style de jeu issu de celui de la guitare, le picking.

Le banjo s'intègre aux formations instrumentales d'alors et finit par s'y installer confortablement.

Les joueurs de banjo sont tous des virtuoses par nécessité, les notes étant courtes, il en faut beaucoup.

 

Les modes

 

                                                                                                                                                                           medium_Banjo.jpg                                                                                                 On en fabrique de toutes tailles, du tout petit banjorine, ou banjo-mandoline, ou encore banjo-uke, à l'énorme banjo double-bass ; certaines formations ne sont composées ainsi que de banjos (le joueur et fabricant S.S. Stewart en fut l'un des promoteurs principaux mais ce genre de fantaisie ne passera pas le siècle, car en 1900, au moins dans le nord du pays, le banjo devient un instrument sérieux, mélodique autant que rythmique).

C'est l'époque du ragtime, des fox-trot et de la naissance du jazz. Il reste de cette période quelques enregistrements sur cylindre faits par Fred Van Eps.

C'est alors que le banjo perd sa cinquième corde et redevient rythmique dans les formations de Dixieland à la Nouvelle-Orléans aux Etats Unis mais aussi en Europe. Il conserve cette cinquième corde dans les groupes de Hillbilly qui donneront plus tard, vers 1950, sous l'impulsion de Earl SCRUGGS et du mandoliniste Bill Monroe, le style blue-grass. C'est dans le bluegrass que le banjo est le plus à l'aise. La formation complète possède un banjo, une guitare, une mandoline, un violon, une contrebasse et parfois une guitare à résonnateur.

 

Le folk

 

Dans les années 1970. le banjo évolue au sein des formations folk old time. C'est alors qu'il débarque de nouveau en Europe, en Grande-Bretagne pour commencer. Il s'intègre dans des formations nouvelles et remplace le banjo ténor qui persistait dans certaines formations irlandaises traditionnelles. Le banjo 6 cordes trouve à ce moment-là un certain développement avec les guitaristes adeptes du son du banjo mais qui ne veulent cependant pas changer leur technique de jeu.

 

Aujourd'hui le banjo est parfois électrifié et poursuit une carrière modeste mais toujours présente au sein de formations diverses. Il n'y a que dans les groupes de bluegrass, puis de newgrass et de jazz grass que le banjo ait une véritable place. Mais il est toujours présent dans de nombreux groupes de Country aux Etats Unis.

 

Musiciens

Pete SEEGER et Steve WARING nous firent connaître le banjo cinq cordes.

LES DILLARDS : un groupe de bluegrass qui fit une remarquable tournée en Europe.

Lonnie DONEGAN : s'essaie volontiers au banjo.

Buck TRENT : il a électrifié le sien.

Earl SCRUGGS : le père de "Bonnie and Clyde".

L'Incredible String Band de Robin Williamson.

The Dubliners : groupe Irlandais légendaire.

Barbara MANDRELL : une reine du Country qui ne délaisse pas le banjo

Jean Marie REDON : l'un des premiers banjos cinq cordes de France.

Marc LAFERIERE et sa formation "New Orléans".

17:25 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : culture, musique

Commentaires

j'aime beaucoup le son du banjo,mais ma preference va au son de la guitare(pas electrique)la simple guitare!!je pourrais rester des heures à regarder et ecouter quelqu'un jouer de cet instrument,c'est tres doux,melodieux,apaisant,relaxant,,,


bizzzz

Écrit par : monette | vendredi, 03 novembre 2006

quelles sont belles tes gravures ! tu as dû passer un temps fou à mettre en place toute la documentation .

Une question : pourquoi ne dis tu rien de toi dans la présentation A PROPOS ?

Écrit par : Gil | vendredi, 03 novembre 2006

Bonjour Elisabeth et vous tous,
Bravo. Je ne connaissais pas l'histoire du banjo, mais voilà qui est fait grace à toi.
Tu m'offres dès le matin un très beau cadeau.
Très bonne journée Elisabeth et vous tous
Marie Christine

Écrit par : Marie Christine | samedi, 04 novembre 2006

Toujours aussi instructif. On va devenir incollable sur les instruments à cordes. J'ai choisi la clarinette car le mot est rigolo et plus sérieusement je me suis dit : comme je chante faux pendant que je jouerai on ne ne va pas me demander de chanter.

Écrit par : instants magiques | samedi, 04 novembre 2006

Bonjour à vous tous et merci.
Gil, je ne savais pas quoi mettre dans A PROPOS. Tu peux aller voir mon Blog CV en lien en bas à gauche. Au sujet de la documentation, elle était toute prête, j'ai seulement dû chercher les images...

Écrit par : elisabeth | samedi, 04 novembre 2006

Belle note, El!
C'est bien troussé et instructif, en effet.

Au sujet de ma toile: non je ne sais pas, je n'ai pensé à rien en la faisant; plutôt au silence, beaucoup de silence.C'est pour cela que je l'appelle ainsi. Après chacun peut interpréter comme bon lui semble.
bon week-end à toi.

Écrit par : Bona | samedi, 04 novembre 2006

Jolies les images. J'aime bien les couleurs de la première et de la troisième.

Écrit par : domino | samedi, 04 novembre 2006

toujouts tres instructif… j'adore…

Écrit par : Yoyostereo™ | dimanche, 05 novembre 2006

très intéressant
merci
élisabeth
bon dimanche

Écrit par : laura | dimanche, 05 novembre 2006

Je relirai ce grand article en détail plus tard, car il faut prendre du temps pour le lire. C'est amusant, j'ai justement écouté Pete Seeger cette semaine. Il est l'auteur de la très belle chanson Where have all the flowers gone, reprise en allemand par Malene Dietrich et Joan Baez dans on 6ème disque Farewell Angelina et aussi dans le petit dernier Bowery Songs. En allemand, c'est Sagt mir, wo die Blumen sind, je la chante souvent en m'accompagnant à la guitare.

Écrit par : domino | dimanche, 05 novembre 2006

Hi! Hi! C'est enregistré trois fois. J'ai de problèmes avec les affichages de pages de HAUT et FORT et les enregistrements aujourdhui. Cela passe très mal. Je suis toujours obligée de m'y reprendre à plusieurs fois et mon Internet a déconnecté au moins 10 fois, à chaque fois quand j'essaie d'afficher mon blog par l'intérieur du blog. Il m'envoit un rapoort d'erreurs à chaque fois, ce qui ne sert pas à grand-chose. J'ai eu aussi du mal à afficher ton blog !

Écrit par : domino | dimanche, 05 novembre 2006

Domino, j'ai passé le disque d'Alan Stivell à ma petite fille cet après-midi car, en voyant la pochette du disque, elle m'a demandé ce que c'était (la harpe). Je lui ai expliqué que c'était un instrument avec des cordes comme la guitare et que l'on tenait entre les deux mains, appuyée sur l'épaule. Elle a aimé le disque REFLETS mis en photo en haut à gauche.

Écrit par : elisabeth | dimanche, 05 novembre 2006

Earl Scruggs est aussi le père de Gary et Randy Scruggs, eux-mêmes guitaristes de talent.
Quant au banjo, j'aimerais citer un des maîtres du bluegrass "seconde génération", J.D. Crowe (dont le dernier disque "Lefty's Old Guitar est dans ma plaît liste du moment). C'est un virtuose qui sait s'effacer au profit des talents des membres de son groupe...
Et puis, il y a aussi Roger McGuinn, le joueur de 12-cordes des Byrds, qui est aussi un banjoïste confirmé. Il a d'ailleurs accompagné Judy Collins à ses débuts, rodant les arrangements de titres qu'il allait ensuite jouer avec les Byrds (qui n'étaient encore pas nés)...

Écrit par : Quiet Man | lundi, 06 novembre 2006

Merci Quiet Man, Judy Collins était un moment la fiancée de Steve Stills qui lui a écrit une chanson : JUDY BLUE EYES.
Roger McGuinn, que je connais, c'est toute une famille avec les Byrds, les CNSY...
Je ne connais pas J.D. Crowe. Mais je connais Earl Scruggs et Pete Seeger. Bonne soirée et merci tous.

Écrit par : elisabeth | lundi, 06 novembre 2006

j'aimeraai que tu nous fasse ton hit-parade, ton top ten absolu de tout les temps… oui je sait c'est une question quasi insoluble mais interessante…

Écrit par : Yoyostereo™ | lundi, 06 novembre 2006

Mon hit-parade serait celui-là : Neil YOUNG, Steve STILLS, Graham NASH, Joni MITCHELL, Linda RONSTADT, Joan BAEZ, David CROSBY, LES BYRDS, Nora JONES, Ray CHARLES, Véronique SANSON, Léo FERRE, Georges BRASSENS, Gilles VIGNEAULT, Maxime LEFORESTIER, Georges MOUSTAKI, je complèterai la liste plus tard car j'en ai oublié... yoyostéréo. c'est certain...

Écrit par : elisabeth | lundi, 06 novembre 2006

ton article est interessant, mais si je peux me permettre une toute petite remarque, on ne doit pas la cinquième corde à Sweeney (on lui attribue souvent à tort). d'ailleurs, si tu regardes bien ta gravure, la premiere, on voit bien que le banjoiste possede dejà une corde bourdon sur son instrument, et le tableau date du 18eme siècle...
mais sinon merci c'est un chouette article!!

Écrit par : po | samedi, 28 février 2009

il est dit dans l'article que Sweeney "prend en compte l'invention de la 5ème corde"... on ne dit pas qu'on lui attribue l'invention de la 5ème corde. Merci Po de ta remarque.

Écrit par : elisabeth | samedi, 28 février 2009

La musique populaire algérienne dite - chaâbi - utilise le banjo depuis le début du xx e siècle.

Écrit par : malek | vendredi, 17 février 2012

Merci Malek d'avoir pris le temps de passer ici et de commenter.

Écrit par : elisabeth | vendredi, 17 février 2012

J'ai vu au guitar center de New York dans leur espace vintage de vieux instruments. On voit de très vieux banjos.´´bricolés ´´ par les noirs déportés à partir d'une gente de roue en métal. Ce qui explique sa forme ronde.
On peut en voir plusieurs à différents stades de fabrication. Amateurs d'histoire des instruments, faites le détour.
Guitar center Mannhatan.

Écrit par : Michel Lefort | mardi, 17 mars 2015

Michel : merci pour ses informations. Je ne suis jamais allée aux Etats Unis. BONNE SOIREE.

Écrit par : elisabeth | mardi, 17 mars 2015

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