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mercredi, 23 juillet 2014

LES NOISETTES SAUVAGES (Extrait du roman de Robert SABATIER)

- Mon petit-fils, je ne sais pas ce qu'ont mes yeux ce matin. Me liras-tu l'éditorial de Monsieur Blum ? (Il prononçait Blume, comme plume).

- Avec plaisir, Pépé.

Et Olivier lisait des phrases qu'il ne comprenait guère, mais que le grand-père commentait à voix haute après chaque paragraphe et parfois faisait relire. Il disait : "Il est bien instruit, monsieur Blume !" et il ajoutait toujours : "Quel dommage !" sans qu'Olivier pût connaître la signification de ce regret. 

Après cette lecture, le pépé donnait à Olivier des leçons du patois local qu'il appelait la langue. Mais les mots étaient bien difficiles à prononcer et l'élève se trompait toujours dans les conjugaisons.

Un matin où sa jambe lui faisait plus mal qu'à l'ordinaire, le pépé troqua à regret ses énormes esclops (sabots) contre de grosses pantoufles à triple semelle de feutre. Gagné par la mélancolie, il fit à Olivier ses confidences que l'enfant n'oublierait jamais et qui marqueraient sa vie future :

- Tu vois, petit, je suis le premier des Escoulas à avoir su lire et écrire, le premier !

- Avant, on ne savait pas ? Comment on faisait ?

- Les nouvelles venaient par la bouche et la bouche n'est pas toujours fidèle. Dans notre famille, aussi loin que tu remontes dans le temps, tu trouves des travailleurs, des charpentiers, des forgerons comme mon propre père et mon grand-père, des bouviers, des tâcherons. Moi, le désir d'apprendre m'a tenaillé quand j'avais seize ans. Une sorte de honte qui m'a pris. Je me sentais comme une bête, je devenais hargneux, je me cachais pour pleurer comme une madeleine. A l'époque, pour subsister, on travaillait de cinq heures du matin à dix heures du soir comme des esclaves. On se nourrissait de soupe, d'un peu de lard le dimanche...

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Commentaires

La lecture et l'écriture étaient des dons précieux car il fallait se donner du mal pour y accéder. De nos jours, les élèves s'en moquent c'est comme "donner des perles aux cochons". Il faut se donner du mal pour apprécier une chose sinon on la néglige et la méprise.

Écrit par : enriqueta | jeudi, 24 juillet 2014

beau classique

Écrit par : laura | jeudi, 24 juillet 2014

Les gens autrefois travaillaient dur, alors ils n'auraient pas eu de temps à consacrer à la lecture, peut-être que cela ne leur manquait pas puisque c'était ainsi. Bonne fin de semaine Elisabeth

Écrit par : danae | jeudi, 24 juillet 2014

Une très bonne idée de publier ce texte qui peut faire réfléchir ceux qui n'arrêtent pas de se plaindre alors que pas mal de choses sont "données" pas la socièté. Évidemment rien n'est parfait mais ... Amitiés.

Écrit par : Ariaga | jeudi, 24 juillet 2014

Enriqueta : il y a eu tout un cheminement au cours du 19ème siècle pour aboutir à ce que nous avons maintenant. Les élèves de nos jours ne savent pas ce qu'ils doivent à l'école.
Laura : je lis, je lis... j'ai plus de temps maintenant.
Danae : trop fatigués pour lire et pas le temps.... Bon week end Danae.
Ariaga : on nous a donné beaucoup en nous permettant d'aller à l'école, puis au Collège, puis au Lycée. Maintenant, on peut poursuivre à la fac. Il y a bien sûr toujours des améliorations à apporter. Bon week end Ariaga.

Écrit par : ELISABETH | vendredi, 25 juillet 2014

enriqueta: n'avons-nous pas(education nationale) contribué à ce désastre?

on peut se passer de ce qu'on ne connaît pas(la lecture par ex) mais quand on la découvre on ne peut plus s'en passer
c'est mon cas, quand je rentrais de sortie à 18 ans vers 4h, je lisais, quand je travaillais en équipe en usine, dans le train etc.

Écrit par : laura | dimanche, 27 juillet 2014

Je posséde de vieux papiers de famille( actes de décés, testaments, contrats de mariage procés ect) depuis 1643. Certains sont illisibles. Mais en observant bien les signatures apposées au bas des documents, on pourrait les classer en trois catégories: Ceux qui savaient vraiment écrire, ceux qui dessinaient leur nom(Je peux m imaginer qu ils tiraient la langue en s appliquant) et enfin ceux qui faisaient une croix. Mais a partir de 1880 tout le monde savait signer. Mes parents venaient de la Wallonie.
Amicalement Latil

Écrit par : Latil | mercredi, 30 juillet 2014

Bonjour Elisabeth,

Merci pour ce moment de lecture qui me rappelle de nombreux souvenirs.
Robert Sabatier et ses récits d'enfance sont dans mon top 10 des livres qui m'ont touchée.

Lire et écrire... ce n'était pas donné à tout le monde autrefois et les enfants d'aujourd'hui n'ont pas conscience de leur chance, dans notre pays.

Pardon pour mon peu de présence ces temps-ci... j'avoue que j'ai eu de nombreux soucis qui m'ont empêchée de rendre visite à mes blogueurs préférés.

Désormais, ce ne sera plus le cas, je l'espère.

Si tu devais me conseiller un livre parmi ceux que tu as publié, dis-moi lequel ce serait ?
J'avoue hésiter entre ton témoignage sur tes grands-parents et ton premier roman.

... à moins qu'un recueil de poèmes soit très cher à ton coeur ?

Passe une douce journée.

Écrit par : Quichottine | dimanche, 24 août 2014

Quichottine : bonjour et merci de ton passage chez moi. Au sujet de mes livres, je te conseille pour toi personnellement mon premier roman LES PETITS CARNETS BLEUS ou mes recueils SAISONS ou AUTOUR DE HUIT HEURES en 1er mais forcément j'aime mes 6 livres. A toi de choisir. Merci beaucoup et bon week end.

Écrit par : elisabeth | dimanche, 24 août 2014

Quichottine : j'espère que tu vas mieux ? Bon après midi.

Écrit par : elisabeth | mercredi, 22 octobre 2014

Normalement, je devrait recevoir ton livre dans les jours qui viennent.
J'ai eu l'avis d'expédition de ma commande aujourd'hui.

Je vais mieux oui... :)
Bon après-midi à toi aussi.

Écrit par : Quichottine | mercredi, 22 octobre 2014

Quichottine : merci beaucoup. Je te souhaite une bonne lecture. J'attends également une commande de ce site pour demain ou après-demain. Bonne journée.

Écrit par : elisabeth | jeudi, 23 octobre 2014

Les commentaires sont fermés.