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mercredi, 15 juillet 2020

APOLLONIE (extrait)

Lorsqu'on a mis l'électricité à Corbières (Aveyron) en 1937, on s'est contenté des ampoules les plus faibles que l'on pouvait trouver, parce que c'était cher et qu'on trouvait que ce compteur tournait vite. Mais en plus de cela, on est méfiant vis-à-vis de l'électricité. On n'a pas confiance en elle. On pense qu'elle attire la foudre. Il y en a qui prétendent que depuis qu'elle est installée, chez eux, ou seulement sur le mur voisin, certaines choses ne tournent plus rond dans le comportement des vaches, la ponte des poules, dans les douleurs qui traversent le corps, dans l'énervement qui saisit l'individu, dans l'abattement qui l'assied, jambes coupées, sur une chaise au milieu du jour.  Bien sûr ce fut tentant, cette facilité, cette absence de manipulation, de carburant, mais cette électricité venue d'ailleurs, presque magique, manque parfois et on n'y peut rien. On n'a sur elle aucun pouvoir. Elle est un élément incontrôlable, plus incontrôlable que le tarissement des fontaines les années de grande sécheresse. Celle du Pouget souvent ne coule plus en août. Le Terron, c'est très rare. Mais, avec l'eau, on voit arriver la pénurie, on voit faiblir le débit, on se rend compte qu'il faut rester longtemps avec le seau sous un jet de jour en jour plus menu. La lumière électrique, elle, part brusquement. Si bien qu'on garde là, à portée de la main, une lampe à pétrole prête à servir.

 

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