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samedi, 17 mars 2012

MA MERE (THEODORE DE BANVILLE - 1823-1891)

Bien que né à Moulins, Théodore de Banville se veut poète parisien.

Venu dans la capitale à l'âge de 7 ans, ce fils d'aristocrates républicains, refusant l'ordre bourgeois, cette "apothéose de l'épicerie", affirme très tôt son engouement pour la poésie.

Ami de Baudelaire, ses poèmes, salués comme des chefs-d'oeuvre par Hugo et Gautier, en font un chef de file des jeunes poètes, des Parnassiens notamment. Daudet, Mallarmé, Maupassant, Verlaine, Courteline, Coppée fréquentent son salon.

Il imite les genres poétiques moyenâgeux, écrit des pièces de théâtre en vers... Mais son étoile pâlit avec l'arrivée, sur le devant de la scène poétique, des symbolistes.

Sur la fin de sa vie, la prose l'emporte sur la poésie.

Le maître a été dépassé par ses disciples mais n'en éprouve aucune amertume.

 

A MA MERE

 

Lorsque ma soeur et moi, dans les forêts profondes,

Nous avions déchiré nos pieds sur les cailloux,

En nous baisant au front tu nous appelais fous,

Après avoir maudit nos courses vagabondes.

Puis, comme un vent d'été confond les fraîches ondes

De deux petits ruisseaux sur un lit calme et doux,

Lorsque tu nous tenais tous deux sur tes genoux,

Tu mêlais en riant nos chevelures blondes.

Et pendant bien longtemps nous restions là blottis,

Heureux, et tu disais parfois : O chers petits !

Un jour vous serez grands, et moi je serai vieille !

Les jours se sont enfuis, d'un vol mystérieux,

Mais toujours la jeunesse éclatante et vermeille

Fleurit dans ton sourire et brille dans tes yeux.

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samedi, 18 février 2012

DUALISME (Paul GERALDY)

Chérie, explique-moi pourquoi

Tu dis "MON piano, MES roses",

et : "TES livres, TON chien"... pourquoi

Je t'entends déclarer parfois :

"c'est avec MON argent à MOI

Que je veux acheter ces choses."

Ce qui m'appartient t'appartient.

Pourquoi ces mots qui nous opposent :

le tien, le mien, le mien, le tien ?

Si tu m'aimais tout à fait bien,

Tu dirais : "LES livres, LE chien"

Et : "NOS roses".

 

(En photo : pigeons dans une rue de Montpellier)

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mardi, 08 novembre 2011

PAR UN MAUVAIS TEMPS (Alfred de Musset)

Elle a mis, depuis que je l'aime

(Bien longtemps, peut être toujours),

Bien des robes, jamais la même ;

Palmire a dû compter les jours.

Mais, quand vous êtes revenue,

Votre bras léger sous le mien,

Il faisait, dans cette avenue,

Un froid de loup, un temps de chien.

Vous m'aimiez un peu, mon bel ange.

Et, tandis que vous bavardiez,

Dans cette pluie et cette fange

Se mouillaient vos chers petits pieds.

Songeait-elle, ta jambe fine,

Quand tu parlais de nos amours,

Qu'elle allait porter sous l'hermine

Le satin, l'or et le velours ?

Si jamais mon coeur désavoue

Ce qu'il sentit en ce moment,

Puisse à mon front sauter la boue

Où tu marchais si bravement !

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dimanche, 23 octobre 2011

André CHENIER (1762-1794)

Né à Constantinople d'un père consul de France et d'une mère grecque, André CHENIER fait ses études en France, d'abord à Carcassonne, puis au Collège de Navarre, établissement réputé, parmi les jeunes nobles.

Comme eux, il veut faire carrière dans les armes mais, s'étant ennuyé ferme après une année de garnison à Strasbourg, il revient à Paris hanter les salons où son charme ne laisse pas indifférent ses hôtesses, avec l'espoir de se faire un nom dans la litterature.

En 1787, il part à Londres comme secrétaire de l'ambassadeur de France. Il s'y ennuie et prend un congé pour, en 1789, venir assister aux premières journées révolutionnaires. Il s'en prend violemment à Robespierre et aux organisateurs de la Terreur qui ne lui pardonneront pas, tandis que son frère Marie-Joseph, auteur du Chant du départ, devient le chantre de l'ardeur républicaine.

Recherché pendant la Terreur, (n'a-t-il pas osé écrire un poème à la gloire de Charlotte Corday, qui a assassiné Marat !) André CHENIER, qui s'est réfugié à Versailles, est arrêté alors qu'il venait rendre visite à Pussy à la famille d'un ami emprisonné. Enfermé à la prison de Saint Lazare, où il s'éprend de Mlle de Coigny, La jeune Captive (qui survivra), il fait sortir les poèmes qu'il rédige sur des morceaux de papier dans des corbeilles à linge.

Durant son procès, instruit par des illétrés, CHENIER fort de son innocence, refuse de se défendre. Il est condamné à mort, victime d'une justice expéditive qu'il a dénoncée. Ce poète qu'on assassine à 32 ans monte sur l'échafaud en récitant des vers de Racine. Son oeuvre n'est publiée qu'une vingtaine d'années après.

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MON BEAU VOYAGE ENCORE...

Mon beau voyage encore est si loin de sa fin !

Je pars, et des ormeaux qui bordent le chemin

J'ai passé les premiers à peine.

Au banquet de la vie à peine commencé

Un instant seulement mes lèvres ont pressé

La coupe en mes mains encore pleine.

Je ne suis qu'au printemps. Je veux voir la moisson,

Et comme le soleil, de saison en saison,

Je veux achever mon année.

Brillante sur ma tige et l'honneur du jardin,

Je n'ai vu luire encore que les feux du matin,

Je veux achever ma journée...

 

mardi, 11 octobre 2011

Maurice ROLLINAT (1846-1903)

Poète né en 1846 à Châteauroux, monté à PARIS pour devenir chansonnier au Cabaret du Chat Noir, Maurice ROLLINAT est inclassable : cet ami de George Sand, berrichon comme elle, puise son inspiration dans le terroir mais aussi dans une hypocondrie qui l'apparente à Baudelaire. Son inspiration macabre, Les Névroses, Ce que dit la vie et ce que dit la mort, ira en s'accentuant. Atteint de troubles nerveux, il se retire à la campagne vers 1885 et y meurt en 1903.

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Dans les oubliettes de l'âme

Nous jetons le meilleur de nous

Qui languit lentement dissous

Par une moisissure infâme.

Pour le vice qui nous enflamme

Et pour le gain qui nous rend fous,

Dans les oubliettes de l'âme

Nous jetons le meilleur de nous.

Comme personne ne nous blâme,

Parfois, nous nous croyons absous,

Mais un cri nous vient d'en dessous :

C'est la conscience qui clame

Dans les oubliettes de l'âme.

 

 

samedi, 17 septembre 2011

LA FEE

Et j'ai cru voir la fée au chapeau de clarté

Qui jadis sur mes beaux sommeils d'enfant gâté

Passait, laissant toujours de ses mains malformées

Neiger de blancs bouquets d'étoiles parfumées.

(Stéphane MALARME)

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mercredi, 17 août 2011

UN JOUR D'ETE (Maurice FOMBEURE)

Le tonnelier tonnèle,

Le bourrelier bourrèle,

Le soleil interpelle,

Frappe un bouclier d'or,

Flambe au pennon des aigles

A la cime des ifs,

Fait virer sur les murs

L'ombre bleue des centaures,

Du lézard engourdi

-Cendre et cadran solaire -

Palpitant d'émeraude

De bronze reverdi.

Sur la rivière glisse

Le chant lourd des rameurs,

La douce soie des cuisses

O nymphes du terroir !

Jusqu'au soir solitude

A l'horizon changeant,

Déclin que nul n'élude,

Gendarmerie d'argent.

La belle des jardins :

Sur ses blanches épaules

S'est égaré soudain

Le souffle frais des saules.

Voici les voix du songe

Apaisées, incertaines,

Quand les bruits de la rue

Coulent dans les fontaines.

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dimanche, 07 août 2011

LE REVE DU JAGUAR (Charles Marie LECONTE DE LISLE (1818-1894)

Né à Saint-Paul de la Réunion et élevé avec rudesse par un père de souche bretonne, Leconte de Lisle parcourt l'Inde et les Iles de la Sonde pendant son adolescence. Mais il préfère l'étude au commerce que son père veut lui imposer. Il s'établit à Rennes pour étudier le grec et l'histoire.

Après être retourné dans son île natale, il se fixe à Paris où, acquis aux idées républicaines, il collabore à diverses revues fouriéristes dans lesquelles il fait paraître ses premiers poèmes.

Sa famille lui coupe les vivres à la suite d'un article dans lequel il applaudissait à la suppression de l'esclavage dans les colonies.

Abandonnant la politique sous le Second Empire, il vit médiocrement de sa plume. Il entreprend de traduire les chefs-d'oeuvre de la poésie grecque et latine.

La parution de ses poèmes fait de lui le chef de file d'une nouvelle génération de poètes, le Parnasse.

Nommé, après la Commune, sous-bibliothécaire au Sénat, il est élu à l'Académie française au fauteuil de Victor Hugo. Il meurt en 1894.

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LE REVE DU JAGUAR

Sous les noirs acajous, les lianes en fleurs,

Dans l'air lourd, immobile et saturé de mouches,

Pendent, et s'enroulant en bas parmi les souches,

Bercent le perroquet splendide et querelleur,

L'araignée au dos jaune et les singes farouches.

C'est là que le tueur de boeufs et de chevaux,

Le long des vieux troncs morts à l'écorce moussue,

Sinistre et fatigué, revient à pas égaux.

Il va, frottant ses reins musculeux qu'il bossue ;

Et du mufle béant par la soif alourdi,

Un souffle rauque et bref, d'une brusque secousse,

Trouble les grands lézards, chauds des feux de midi,

Dont la fuite étincelle à travers l'herbe rousse.

En un creux de bois sombre interdit au soleil

Il s'affaise, allongé sur quelque roche plate ;

D'un large coup de langue il se lustre la patte ;

Il cligne ses yeux d'or hébétés de sommeil ;

Et, dans l'illusion de ses forces inertes,

Faisant mouvoir sa queue et frisonner ses flancs,

Il rêve qu'au milieu des plantations vertes,

Il enfonce d'un bond ses ongles ruisselants

Dans la chair des taureaux effarés et beuglants.

dimanche, 31 juillet 2011

EXTRAIT d'un POEME de Marc Antoine de St Amant

L'abeille, pour boire des pleurs,

Sort de sa ruche aimée,

Et va sucer l'âme des fleurs

Dont la plaine est semée ;

Puis de cet aliment du ciel

Elle fait la cire et le miel.

 

En photo, une abeille sur mes coronilles.

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vendredi, 15 juillet 2011

CONSEILS AU BON VOYAGEUR (VICTOR SEGALEN 1878-1912)

Ville au bout de la route et route prolongeant la ville : ne choisis donc pas l'une ou l'autre, mais l'une et l'autre bien alternées.

Montagne encerclant ton regard le rabat et le contient que la plaine ronde libère.

Aime à sauter roches et marches ; mais caresse les dalles où le pied pose bien à plat.

Repose-toi du son dans le silence et, du silence, daigne revenir au son.

Seul si tu peux, si tu sais être seul, déverse-toi parfois jusqu'à la foule.

Garde bien d'élire un asile.

Ne crois pas à la vertu d'une vertu durable ; romps-la de quelque forte épice qui brûle et morde et donne un goût même à la fadeur.

Ainsi, sans arrêt ni faux pas, sans licol et sans étable, sans mérites, ni peines, tu parviendras, non point, ami, au marais des joies immortelles,

Mais aux remous pleins d'ivresses du grand fleuve Diversité.

 

Né à BREST le 14 janvier 1878, médecin de la marine, Victor SEGALEN fit paraître le Recueil "STELES" en 1912, dont ce poème qui se trouve dans la section STELES DU BORD DU CHEMIN.

http://www.scribd.com/doc/2324485/Steles


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